Texte : Emily Martin
Photos : Manuel Ferrigato
La montagne a toujours joué un rôle essentiel dans la vie de Pauli. Dans sa jeunesse, elle a nourri sa passion de la grimpe et de l’aventure hors des sentiers battus. Au fil des années, à mesure qu’il apprenait à percer les mystères de l’esprit humain, la montagne est devenue le décor idéal pour dompter ses émotions. Le cadre parfait pour développer la franchise et la confiance. Des qualités auxquelles Pauli, psychologue de la santé, attache une importance particulière.
En tant que guide de haute montagne, Pauli est aussi pleinement conscient des bienfaits de la nature sur notre organisme. Il a associé ces différentes connaissances pour se créer une carrière originale où l’outdoor devient pour ses clients un moyen de s’ouvrir à leurs émotions. De s’adapter et devenir meilleurs. De trouver la paix dans la nature, Outer Peace.
Pour Pauli, l’état d’esprit est indissociable de l’état physique. Dans certaines situations, on peut contrebalancer la peur ; parfois, on peut la vaincre. Gérer la peur est un défi physique auquel l’être humain est constamment confronté. De même pour l’anxiété, que Pauli considère comme l’une de nos émotions fondamentales. Il pense que nous devrions lui accorder davantage d’espace et tenter d’éliminer le tabou qui l’entoure.

Dans son métier, l’anxiété est une émotion particulièrement utile. Elle lui permet de rester en sécurité, en alerte. Toujours conscient du danger. Un ciel qui se couvre de nuages. Une tempête qui s’approche. Il l’accueille également volontiers dans sa vie personnelle : « s’inquiéter pour soi et pour sa famille, c’est une bonne chose. » Un niveau raisonnable d’anxiété permet de rester prudent, vigilant, prêt à réagir.
La nature lui donne l’occasion de conquérir ces émotions. De les maîtriser. Et c’est dans la nature, au calme, qu’il réfléchit le mieux. Car quand la nature est en paix, Pauli l’est aussi.
Rester actif et entretenir sa motivation sont ses mécanismes pour gérer le stress. Il a appris à en identifier les signes avant-coureurs et à l’empêcher de prendre de l’ampleur en se réservant du temps pour lui-même. En ralentissant et en se rapprochant de la nature.

Mais Pauli reconnaît qu’il n’est pas toujours facile de repérer les premiers signes de stress. C’est pour cela que ses clients se tournent vers lui. À travers la consultation psychologique, ils souhaitent développer leur personnalité. Évoluer. Et le bonheur de ses clients fait le bonheur de Pauli. Pour lui, la souffrance inutile est la pire des souffrances ; alors s’il peut soulager ne serait-ce qu’une partie des souffrances du monde, il a atteint son but.
Rien ne rend Pauli plus heureux que de passer du temps en famille ou de relever des défis en montagne. Des défis ni trop modestes, ni trop ambitieux. C’est dans l’équilibre parfait qu’il trouve le bonheur.
Il craint que notre peur instinctive du changement ne constitue l’obstacle psychologique majeur de notre société. Qu’elle ne cause des dommages irréparables aux individus et aux communautés, exacerbant le racisme déjà présent. Car face aux difficultés, notre réaction naturelle est de nous rabattre sur nos vieilles habitudes. Mais si nous parvenons au contraire à trouver dans notre volonté de changement une force commune, nous pouvons créer de l’espace pour davantage de diversité. Permettre à chacun de s’investir dans le développement personnel, de s’intégrer et contribuer à la société. Une opportunité à laquelle Pauli estime que chacun devrait avoir droit.

Notre peur du changement affecte également la nature. Globalement, nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience que nos comportements nuisent à l’environnement. À comprendre que nous sommes en train de détruire les milieux naturels dont dépend notre survie. Et pourtant, nous refusons catégoriquement de changer.
Pauli a appris à apprécier les traits de caractère que lui ou les autres considèrent comme difficiles. À s’accepter exactement tel qu’il est et à ne plus douter, tout en restant suffisamment critique pour savoir changer lorsqu’il le faut. Sa leçon de vie est de ne rien considérer comme acquis. D’être reconnaissant pour ses réussites comme pour ses échecs. Pour les opportunités d’apprendre et d’essayer à nouveau.
D’être reconnaissant de pouvoir accéder à la montagne pour évoluer, découvrir, s’adapter et devenir plus fort.
Pour trouver la paix dans la nature, Outer Peace.