Chan He (River)

Texte: Emily Martin

Photos: Wang Zhen

Ce professeur de l’université de Pékin n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il grimpe. La perspective de gravir une montagne remplit Chuan d’énergie. Pendant l’effort, alors que l’adrénaline pulse dans ses veines, il reste parfaitement concentré sur son objectif.

Mais il apprécie également la descente, synonyme de sécurité. La maison qui se rapproche davantage à chaque pas. La promesse d’un havre de paix et de soulagement. C’est chez lui qu’il se sent le plus à l’aise. Au milieu de nulle part. En pleine nature.

Se réunir en extérieur avec seulement quelques personnes permet à Chuan de trouver la paix dans la nature, Outer Peace. Respirer l’air frais de la nature est un remède à tous ses problèmes et contrariétés. Cela lui donne le sentiment rassurant que tout va bien se passer.

Passionné de grandes voies, Chuan a appris à gérer le stress au quotidien. Il a mis au point une méthode pour relâcher et évacuer la pression accumulée pendant l’ascension grâce à des mouvements dynamiques. Il a appris à se surpasser en dirigeant son attention, en la focalisant exclusivement sur l’action de grimper. Alors quand il rencontre un passage particulièrement technique, il ne perd pas de temps à trop réfléchir. Il se concentre pour donner le meilleur de lui-même et utiliser son savoir-faire pour surmonter la difficulté.

Une leçon que chacun de nous devrait retenir afin de ne pas tomber dans la suranalyse. Pour éviter de trop réfléchir, mieux vaut canaliser l’énergie vers son véritable objectif. Résister et adopter un état d’esprit positif. Se défaire de ses chaînes en se rappelant que l’on est fort, compétent et méritant.

Déroger aux normes sociales, en étant en retard ou en ne tenant pas une promesse, par exemple, est une grande source de stress pour Chuan. Il attache beaucoup d’importance à la sécurité. Pour Chuan, les clés du bonheur parfait sont des revenus stables et un solide réseau d’amis et de proches qui vous comprennent et vous acceptent tel que vous êtes. Il en tire une forme de liberté. Notamment la liberté de faire ce qu’il veut.

Mais il a également le goût du risque. Et des promesses qu’il représente. Car quand on a l’audace de se lancer, on est généralement récompensé.

Malheureusement, Chuan a aussi dû faire face aux conséquences de cette prise de risque. En redescendant du mont Potala, dans la vallée de Shuangqiao en Chine, avec une cheville brisée, fracturée, immobilisée. Redescendre cette paroi de 400 mètres surplombant un glacier de 200 mètres et une pente de 1 000 mètres fut l’épreuve la plus pénible de toute sa vie. Cela lui a appris que rien n’est jamais acquis. Que la santé est un don précieux dont il faut prendre soin.

Désormais, Chuan considère l’abondance de temps libre comme le comble du luxe. Un luxe qu’il faut voir comme un privilège, et non comme quelque chose qui nous revient de droit. Le tic-tac de l’horloge est un symbole omniprésent de la vie. Impossible à ignorer. Mais l’on ne doit pas non plus vivre dans la hantise du temps qui passe.

Il faut trouver l’équilibre : savoir apprécier les possibilités que nous offre le temps, sans que cela nous obsède et nous empêche de vivre dans le présent. Nous sommes trop souvent obnubilés par nos objectifs et nos aspirations pour l’avenir. Nous croyons aveuglément que le bonheur apparaîtra dès que nous aurons atteint un certain âge ou franchi une certaine étape. Mais la véritable réussite, c’est de s’autoriser à vivre pleinement tout au long du parcours, dans les bons moments comme dans les mauvais.

Alors vivons dans le présent. Soyons conscients et reconnaissants des progrès, des succès et de l’émerveillement qui constituent déjà notre quotidien. Allons trouver la paix dans la nature, Outer Peace.